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Marie-Thérèse ISNARD (1899-1997)

 

Une jeunesse meurtrie

BESANCON 1899 : les hasards des affectations militaires ont amené Eugène ISNARD, Officier d’administration, en Franche-Comté. C’est là que naîtra Marie-Thérèse, le 15 Janvier. Un frère l’a précédé, Raymond et guère plus de 3 ans les séparent. Ils seront longtemps proches l’un de l’autre.

Une sœur, Marcelle était en fait l’aînée, mais la famille connut ses premiers moments de douleur quand la petite Marcelle fut enterrée le jour même de la naissance de Thérèse.

Le sourire confiant que la 
petite fille gardera toute sa vie
Marie-Thérèse à l’époque 
de ses fiançailles 
Au mariage de son frère André
Thérèse en 1962

Sa prime jeunesse sera ballottée par les changements de domiciles. A Lyon, en 1900, où naîtra son frère Gaston, de 14 mois son cadet. Puis retour en Franche-Comté, à Gray, oû naîtra le dernier, André. En 1905, affectation à Belfort, où Thérèse fera sa 1ère Communion à la paroisse St-Christophe.

En 1911, toute la petite famille part à St Germain en Laye, nouvelle affectation paternelle.

Les chagrins s’ajoutèrent aux déménagements. L’année 1914, comme pour tant d’autres familles, fût dramatique. Le 3 janvier, elle perd sa maman, Mathilde, qui décède à moins de 44 ans.

En mars, affecté par la mort de sa femme et sentant approcher la guerre, Eugène fait une sorte de testament à l’intention de l’éventuel tuteur de ses enfants, sur la manière de les instruire, y compris les aspects financiers.

Commencent alors les années difficiles. Les 4 enfants sont recueillis, d’abord par l’oncle Marius, frère d’Eugène, directeur du Crédit Municipal d’Aix en Provence, mais la femme de celui-ci apprécie peu cette surcharge et mène la vie dure aux enfants.

Thérèse raconte :

" En août 1914, à la déclaration de guerre, papa devait partir pour le front, et nous chez l’oncle d’Aix en Provence ; il nous avait mis tous les quatre dans un train militaire, rempli de soldats qui rejoignaient leur régiment. Le voyage était long, il y avait priorité pour les trains qui montaient. Nous n’avions pas assez à manger ; les uns et les autres nous donnaient de leurs provisions."  

Son frère Raymond décide, avec l’autorisation de son père, de s’engager ; il n’a pas 19 ans.

Après une année passée à Aix, les trois enfants viennent vivre chez une famille amie de Franche-Comté, qui habite à cette époque à Tours, les Sirguey. «Maman Guitte», Marguerite Sirguey, avait promis à son amie Mathilde, avant sa mort, de s’occuper de ses enfants.

Elle le fit si bien que Raymond, Thérèse, Gaston et André considéraient «maman Guitte» comme leur seconde maman. C’est d’ailleurs une des filles Sirguey, Madeleine, que son frère Raymond épousera après la fin de la guerre.

En septembre 1915, son frère Raymond est blessé sur le front d’Artois, et fait prisonnier. Mais il ne pourra donner de ses nouvelles que plusieurs mois plus tard. Pour le papa et pour Thérèse qui a alors 17 ans, c’est une période d’angoisse. Puis jusqu’à la fin de la guerre, elle soutiendra le moral de son frère et lui enverra les colis qui améliorent l’ordinaire du camp de Mûnster en Westphalie. Les quelques cartes que Raymond envoie à « sa chère petite Thé », ou à sa « petite Thimaine », en témoignent.

Avant d’avoir 20 ans, ce sera l’ultime épreuve de cette jeunesse saccagée. A Pâques 1918, les familles avaient célébré à Lyon, les fiançailles avec son ami d’enfance Bernard Creuillot.

Le bonheur sera court, la séparation d’abord avec le retour au front du jeune aspirant qui avait choisi la carrière militaire en entrant à l’école d’infanterie de Saint-Maixent. Bernard sera grièvement blessé fin mai. Ses parents et Thérèse purent aller le voir à l’hôpital, mais il décédera le 1er juin 1918.

Son corps sera ramené à Marnay en Haute Saône, où il repose dans le caveau de la famille CREUILLOT-BAUDOIN.

L’entre-deux guerres

Nul doute que ces épreuves auront forgé la femme d’exception qu’elle sera, devenue adulte.

En 1918, la famille revient à Lyon, 75 rue Boileau. Son père a été mis à la retraite en juillet 1917. Ce qu’elle n’a pu donner à un mari, à une famille, elle le donnera aux autres, que ce soit dans sa profession d’infirmière ou dans ses engagements ou sa générosité, son efficacité et son charisme feront merveille.

Sa foi est intacte, mais elle ne saurait se contenter de tenir une petite place sage au sein d’une Église encore figée et compassée.

Ses premiers engagements, auprès des jeunes en particulier, se feront dans le cadre de la paroisse Notre-Dame de Saint-Alban où un prêtre, oh combien novateur pour l’époque, le Père Rémilleux, avait une façon de vivre son sacerdoce d’une façon qui devait plaire à Marie-Thérèse..

Toute sa vie sera marquée par ce souci de servir, tout en ayant celui de faire évoluer les idées dans un milieu catholique encore peu enclin aux nouveautés.

En 1921, elle obtient son diplôme d’infirmière après une formation dans le privé. Cette qualification est confirmée en 1927 par un brevet d’état, complété par une qualification d’assistante sociale (visiteuse pour l’hygiène de l’enfance).

Elle se consacre d’abord aux jeunes, à la paroisse, qui ne possède encore qu’un baraquement en guise d’église. Une activité, qu’elle devait structurer par la création, en 1924, de la première Compagnie de Guides de France (voir S comme Scoutisme et Jeunesse).

Elle découvre les difficultés des mères de fa-milles, familles souvent nombreuses, et évidement sans l’aide des appareils ménagers qui viendront plus tard.

C’est alors que se met en place après les Guides, une nouvelle organisation : l’Aide aux mères de familles. Ce sera une nouvelle aventure et l’occasion une fois encore de servir avec sa générosité et son efficacité attentive et pragmatique. Elle envoie

ainsi en France et même en Algérie, des centaines de jeunes filles, prêtes à remplacer au pied levé, une maman malade ou mettant au monde un nouveau bébé.

En 1930 elle est atteinte de la fièvre typhoïde qui ralentira à peine ses activités. En 1933 et 1934, elle va à Rome (deux fois), ainsi qu’à Bruxelles et Genève. Pour quelle recherche ?

En 1935 c’est la découverte des chalets de la Flatière qui ne seront achetés qu’en 1943. Pendant une période assez longue, elle sera à « mi-temps » entre Lyon et les Houches

Mais dès 1936, le père Rémilleux, curé de St-Alban, installe le Très Saint Sacrement aux chalets. Ce geste indique clairement l’avenir spirituel des lieux.

La Flatière

Dans son homélie, lors des obsèques, le Père Ravanel raconta comment et pourquoi Thérèse fit l’acquisition des chalets de Coupeau. Mais les circonstances ont très vite fait place, à la Flatière, aux « colonies familiales ».

Le besoin était grand à l’époque, pour presque tout le monde, de se « refaire une santé  », tant les conditions d’alimentation, d’hygiène, les nombreuses maladies qui sévissaient alors, étaient présentes dans la vie quotidienne à un point que l’on a de la peine à imaginer de nos jours.

Les chalets furent ce lieu de ressourcement, pour les Guides certes, mais aussi, et surtout pendant et après la guerre, pour ses neveux, pour les familles lyonnaises qui en avaient besoin, et pour tant d’autres .... .Dès Pâques 1938, elle accueillait les aînés de ses neveux et, à  l’approche de la guerre et pendant celle-ci, sa générosité et son accueil sans limites purent se donner libre court.

On était logé vaille que vaille, dormant sur des paillasses improvisées, mais qu’importe. Très vite, il fallut faire des aménagements aux bâtiments, construire des mazots, aménager des greniers. Tous ceux qui le pouvaient devenaient constructeurs, et la bonne volonté remplaçait souvent le manque de professionnalisme.

Lieu de prière aussi, avec la présence de 1948 à 1952 des petits frères du Père de Foucault .C’est vers cette époque aussi que le « chalet des enfants »

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