accueidocuments

Courriers de Raymond à Thérèse

Raymond, fils d'Eugène, est dans sa troisième année de captivité en Wesphalie. Thérèse se dévoue à Lyon et attend son fiancé Bernard qui ne reviendra pas.

Voici ce que Raymond écrivait à sa sœur :

Le 21 janvier 1918

Ma chère petite Thimaine,

Rien de toi cette semaine mais par contre 2 lettres de Mad   et une de maman Guitte.

Je n’ai pas non plus reçu de colis cette semaine, mais j’en attends 3 ensemble pour ce soir ou demain. Ne m’envoyez plus de farine, c’est peu pratique et puis, tant que je suis ici, vous pouvez un peu diminuer les colis, mais laissez toujours la boîte de lait et mettez café chocolat et un peu de thé.

Une commission médicale suisse va venir nous visiter. Espérons qu’elle fera quelques heureux, car il faut réellement y avoir passé pour savoir ce qu’est une longue captivité.

Ici, rien de nouveau. Bonnes nouvelles de tous. Le frère de Gaston craint d’être ennuyé par son patron à son retour et ne sais comment faire pour en être dispensé !.

Bonnes caresses à ton grand frère.

 

Le 19 mai 1918

Ma chère petite Thé,

Les jours se suivent mais, malheureusement, les correspondances n’en font pas autant et je ne suis pas plus riche en nouvelles de vous autres. J’ai pourtant reçu une lettre de toi, datée du 27 mars.

J’ai passé la semaine dernière sur ma demande la visite pour l’internement en Suisse. J’ignore jusqu’à présent le résultat. Je souffre toujours de mon artérite et mes battements de cœur sont parfois gênants. Je me suis fait photographier dernièrement. Je vous en enverrai dès que je le pourrai

N’oublie pas dans les colis café, tabac. Ma chère Thé, embrasse toute la famille pour moi et garde mes meilleures caresses.

 

Le 9 juin 1918

Ma chère petite Thé,

Que deviens tu donc ? Je reçois maintenant des nouvelles en retard, mais de tout le monde sauf de toi.; 2 lettres de février, 3 de mars, et d’avril je n’en ai qu’une.         Je veux bien t’accorder que Bernard est et doit être plus favorisé que moi, mais pense aussi un peu à moi. Quoique écrivant souvent à Madeleine, je trouve bien moyen malgré la limite de correspondance de te donner de mes nouvelles. Je suis toujours en bonne santé.

La visite que j’avais passé ne donne je crois rien de bon. On parle beaucoup en ce moment d’échanges de vieux prisonniers.

Au revoir ma chère Thé ; je t’embrasse de tout cœur ainsi que la  famille.

 

accueidocuments